Le projet est né du désir d'une rencontre humaine et artistique, une rencontre préparée au fil du temps, car nos parcours de recherche théâtrale sont des parcours parallèles depuis de nombreuses années (20 ans), des parcours qui se regardaient, s'appelaient, dialoguaient et tôt ou tard, ils devaient converger. Depuis toutes ces années, avec le théâtre, nous avons interrogé une identité commune pour trouver des réponses à nos inquiétudes. Nous avons quitté les autoroutes du théâtre pour emprunter des chemins loin des rideaux et des velours. Suivant ces chemins, nous avons retrouvé nos racines, nos humbles origines, notre identité de fils du monde paysan et ouvrier, incarnées dans les symboles de la faucille et du marteau. Un monde apparemment disparu aujourd'hui. La société contemporaine, qui voyage à des vitesses supersoniques, garde les traces de ce monde incrustées dans les banlieues et les provinces. C'est là que notre peuple vit et nos spectateurs sont là, comme les garçons et les citoyens qui participent à nos ateliers, qui font du théâtre avec nous, de Lido Adriano à Valsamoggia de Diol Kadd à Calais. Nous avons grandi pendant que tout s'effondrait. Pasolini le raconte avec douleur et lucidité. Nous sommes venus au monde générés par les entrailles d'une civilisation morte (ou mourante). Nous continuons à porter les signes de cette civilisation, dans nos yeux, nos voix, nos corps, nos mains et surtout dans nos têtes et notre esprit. C'est tellement clair! Quand nous faisons du théâtre, nous sommes artisans, paysans, ouvriers. Nous nous mettons en scène, avec nos histoires, nos expériences de vie. Et la scène est un espace intime partagé avec les spectateurs. C'est une grande table autour de laquelle nous préparons la nourriture que nous mangerons ensemble, les tortelli, le pain ... Le rituel profane et quotidien de la nourriture se déroule autour de cette table. Et les gestes, les regards, les bruits et les silences sont entrelacés avec les mots, nos mots de vie, les mots qui racontent les histoires qui ne sont pas écrites dans les livres d'histoire. Le haut et le bas, le passé et le présent, le grand et le petit, le proche et le lointain, le tragiques et le comique se donnent rendez-vous autour de cette table pour le temps d'un spectacle qui ressemble à un repas, un dîner qui pourrait être le dernier, le premier, ou seulement un dîner ordinaire, comme en famille.